Les résultats du sondage annuel mené par Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) afin de documenter l’état de la pénurie de main-d’œuvre et ses conséquences dans le secteur manufacturier de la province ont été révélés, le 16 novembre dernier. Ce sont plus de 2,3 G$ qui n’ont pas été empochés par les entreprises manufacturières de la Chaudière-Appalaches dans la dernière année en raison de la rareté des travailleurs, selon l’étude.
D’après ce sondage panquébécois auquel près de 300 entreprises manufacturières ont répondu, entre le 14 septembre et le 11 octobre derniers, à l’image de la province, 82 % des entreprises répondantes de la Chaudière-Appalaches ont répondu que le manque de main-d’œuvre a causé des retards de livraisons, 73 % une augmentation des coûts et 62 % une insatisfaction de leur clientèle.
54 % des répondants ont indiqué que la pénurie de main-d’œuvre entraîne des conséquences sur la santé mentale de leurs employés et 21 % d’entre eux ciblent la santé mentale comme l’enjeu le plus important au sein de leur entreprise.
En Chaudière-Appalaches, le sondage recense qu’en moyenne, il y a 44 postes à combler par entreprise manufacturière sur le territoire, ce qui la situe comme étant la deuxième région ayant le plus de postes à combler précédée de la Montérégie. On note également que malgré que près de 50 % des postes vacants des entreprises sondées se retrouvent dans la tranche salariale de 20 $ de l’heure à 29 $ de l’heure et que 38 % offrent des tranches salariales supérieures à 30 $ de l’heure, ces entreprises ne trouvent pas de travailleurs.
À l’échelle du Québec, ce sont 7 G$ qui sont restés sur la table, dont 4 G$ en raison de contrats refusés et retards accumulés et 3 G$ en investissements retardés ou annulés. En Chaudière-Appalaches, c’est une perte moyenne de 10,2 M$ en contrats refusés et retards accumulés ainsi que de 33,8 M$ en investissements retardés ou annulés par entreprises sondées.
Au Québec, dans la dernière année, ce sont 3 entreprises sur 10 sondées qui ont pensé déménager une partie de leurs activités à l’étranger ou donner davantage de contrats à l’étranger. Également, 6 entreprises sur 10 croient que le gouvernement provincial pourrait en faire beaucoup plus pour aider à régler la problématique.
Des solutions identifiées
Si 70 % des entreprises qui ont participé au sondage se tournent vers le recrutement international, la Chaudière-Appalaches se retrouve au premier rang des régions qui recherchent le plus de travailleurs étrangers. Cependant, ces entreprises ont identifié la complexité des processus, les délais et les coûts ainsi que le manque de ressources pour accueillir ces travailleurs comme étant les obstacles principaux de cette option.
60 % des entreprises sondées en Chaudière-Appalaches, comparativement à 45 % dans l’ensemble de la province, croient que de faciliter le recrutement international et hausser les seuils d’immigration sont les meilleures solutions pour contrer la rareté des travailleurs.
L’automatisation et la robotisation arrivent au deuxième rang des solutions afin de pallier la problématique de la main-d’œuvre. Au Québec, près du tiers des manufacturiers sondés soutiennent qu’elles font partie des pistes de solutions comparativement à 25 % en Chaudière-Appalaches.
«Alors que nous parlons de plus en plus de récession économique, le Québec et ses régions ont plus que jamais besoin d’entreprises prospères. Pour assurer leur compétitivité face aux concurrents à l’international, ça leur prend des gens. Il n’y a pas de solution magique pour régler les enjeux liés à la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur manufacturier, mais il est possible d’actionner une série de leviers en même temps pour pallier les impacts sur nos entreprises au Québec et en Chaudière-Appalaches. […] Nous sommes à l’aube d’une récession, le gouvernement doit faire de la pénurie de main-d’œuvre une priorité et en faire plus, plus vite, pour appuyer les entreprises manufacturières, les piliers de notre développement économique régional», a soutenu Véronique Proulx, présidente-directrice générale chez MEQ.