Comme d’autres entreprises du Québec, Isolation Tex Fab s’est jointe à l’effort industriel qui s’est mis en branle afin de produire des équipements de protection contre le nouveau coronavirus. L’entreprise de Charny a modifié du jour au lendemain sa production pour créer notamment des jaquettes de protection réutilisables.
«Depuis 22 ans, notre entreprise fabrique des couvertures isolantes utilisées par l’industrie de la construction commerciale et industrielle. Aussi, nous sommes un fournisseur de Prevost. Quand le décret imposant la fermeture des entreprises non essentielles est tombé, nous avons dû limiter grandement nos activités», explique Dominique Martel, le propriétaire d’Isolation Tex Fab, sur le point de départ de la formidable aventure que vit son entreprise depuis un mois.
Attristé d’avoir dû mettre à pied temporairement son équipe de couturières, Dominique Martel a alors découvert, comme plusieurs Québécois, que les travailleurs du réseau de la santé manquaient cruellement de jaquettes de protection médicales afin de se protéger lorsqu’ils prenaient soin de personnes souffrant de la COVID-19.
Puisqu’il dispose de plusieurs équipements de couture en raison de ses activités, une idée a alors germé dans la tête du propriétaire d’Isolation Tex Fab. Pourquoi ne pourrait-il pas produire à son usine de Charny des jaquettes de protection réutilisables?
«Ma belle-mère de 94 ans vit en résidence. Je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose pour la protéger ainsi que les travailleurs de la santé», se rappelle M. Martel.
Succès instantané
Avec l’aide de Tissus DRB, une entreprise de Saint-Jean-Chrysostome, le propriétaire d’Isolation Tex Fab a pu mettre la main sur du polyester de qualité médicale. Afin qu’elles respectent les standards du réseau de la santé, les jaquettes doivent être faites avec ce tissu pour empêcher les gouttelettes contaminées de traverser ce vêtement.
Dominique Martel a ensuite travaillé sur des prototypes et a modifié ses machines, normalement configurées afin de produire d’épaisses couvertures isolantes. Grâce au succès de ses démarches, il a pu amorcer il y a trois semaines la production des jaquettes réutilisables et rappeler au travail six couturières, tout en respectant évidemment les normes de la Santé publique.
Face à l’importante pénurie pour cet équipement de protection, l’entreprise a rapidement été inondée d’appels. Au moment d’écrire ces lignes, Isolation Tex Fab avait vendu 2 500 jaquettes. Devant l’ampleur de la demande, tout le monde met les bouchés doubles au sein de l’entreprise de Charny pour produire entre 50 et 100 jaquettes par jour. Même que les enfants de Dominique Martel sont venus lui prêter main-forte.
«J’ai entrepris cette démarche simplement pour aider les gens. Nous n’avons pratiquement fait aucune publicité, la demande s’est créée grâce au bouche-à-oreille. Avec cette production de jaquettes, je ne veux pas faire des millions. Je ne veux que couvrir mes frais et permettre à mes couturières de travailler. […] Mon défi, c’est d’aider le plus de gens possible. Je ne fournirai pas un hôpital, mais je peux aider plusieurs organismes et des résidences pour aînés», partage Dominique Martel.
Un travail gratifiant
Devant le succès de son initiative, le propriétaire d’Isolation Tex Fab entend continuer d’aider son prochain en produisant des masques artisanaux. Avec cette nouvelle production, l’entreprise de Charny pourra récupérer les retailles de polyester que génère la production des jaquettes.
Mais avec ce nouveau produit, Isolation Tex Fab pourra d’abord et avant tout faire encore une fois une différence dans la société, alors que le port du masque artisanal sera bientôt fortement recommandé par les autorités. Un impact primordial qui est un véritable carburant pour Dominique Martel.
«Dans le domaine de la construction, nous recevons beaucoup de critiques. Mais là, nous ne recevons que des remerciements, bien que ce soit plutôt à nous de remercier les travailleurs de la santé pour leur dévouement. Je ne fais que tout cela pour aider. Il y a un mois et demi, je ne pensais pas produire des jaquettes médicales. Le soir, quand on s’assoit, on a le sentiment du devoir accompli», conclut M. Martel.