Alors que la crise sanitaire a mis à l’arrêt certaines activités économiques et isole les gens les uns des autres, la santé mentale est devenue un enjeu. Anxiété, dépression, les individus affectés par la pandémie peuvent rencontrer des difficultés. Florence K a partagé son expérience des troubles de santé mentale et sa longue route vers la guérison au milieu d’affaires lévisien, lors d’une conférence virtuelle de la Chambre de commerce de Lévis.
«En ces temps où l’environnement est anxiogène, la santé mentale est un enjeu important, Surtout quand nous sommes démunis de nos repères», a rappelé Florence K, lors de la Grande Conférence de la CCL, tenue le 21 octobre.
La conférencière a tout d’abord raconté sa propre expérience personnelle des troubles de santé mentale. Malgré une longue route parsemée d’une dépression majeure, d’anxiété, et finalement d’un diagnostic de trouble bipolaire de type deux, elle réussit aujourd’hui, grâce au traitement adéquat et à des outils d’auto-gestion, à vivre une vie plus épanouie que jamais.
«Un trouble de santé mentale, ce n’est pas une condamnation», a fait valoir celle qui est aussi l’autrice d’un livre qui raconte son histoire, Buena Vida, paru en 2015 chez Libre Expression.
Après une enfance dans un «environnement merveilleux et fantaisiste» baignée de musique, Florence K commence à se sentir différente et un sentiment de mélancolie l’envahie peu à peu et s’installe. Alors qu’elle ne sait pas comment exprimer sa souffrance et qu’elle ne trouve pas les mots pour expliquer ce qu’elle ressent, son état est mis sur le compte de l’adolescence et des hormones.
Florence K, qui traverse ainsi des périodes d’angoisse et de grande euphorie, ressent «toujours le besoin d’en faire trop». Elle se jette à corps perdu dans le travail et se nourrit de chaque moment de partage avec le public passé sous les projecteurs et les applaudissements. «Être sur la scène quand on a une grande baisse d’estime de soi, ça donne une grande gratification», reconnaît-elle.
Un trou noir qui se creuse
«C’était une belle vie.» Pourtant, Florence K sent un trou noir se creuser en elle. S’étourdir de travail et de succès ne calme plus les angoisses. «Mon cerveau tissait des toiles d’araignées et je me dévalorisais constamment.» Parce que, comme elle le souligne, «on peut regarder tout ce qu’on a», avoir le meilleur et se sentir tout autant mal.
La maladie mentale vient d’un «débalancement biologique», explique Florence K. «Les pensées et la chimie du cerveau sont intimement liées.» Des préjugés persistent toutefois sur la dépression par exemple qui est alors associée à de la faiblesse ou de la paresse. «Il ne faut pas minimiser la souffrance psychique», même si elle n’est pas visible comme une blessure physique.
Et face à ces bouleversements et ce mal-être, le plus difficile est souvent de reconnaître les signes et d’aller frapper à la bonne porte. Elle-même ne savait pas où trouver de l’aide. «Je me renfermais dans mon mal intérieur.» Pour Florence K, la compassion envers soi-même et la bienveillance sont des éléments clé. C’est en trouvant les bons outils pour la construire et la développer qu’on peut avancer.
Il est ainsi important de comprendre les éléments qui participent à la naissance chez soi d’un épisode anxieux, dépressif ou d’hypomanie. «Chercher à connaître les déclencheurs émotionnels qui nous habitent est une façon d’en apprendre constamment plus sur soi-même et sur ce qui nous apporte de l’équilibre.» L’un des premiers indicateurs qui peut donner l’alerte est le sommeil. «Quand le sommeil flanche, c’est un des premiers signes qu’il faut faire attention à soi.»
En plus d’être accompagné par un professionnel, et d’avoir une médication adaptée quand cela est nécessaire, il existe de nombreux outils qui peuvent aider à maintenir l’équilibre au quotidien, comme avoir une bonne hygiène de vie, réduire les facteurs de stress, bouger, s’accorder plus de temps, ne pas se juger, comprendre d’où viennent les pensées et les émotions, se dissocier des troubles, «on n’est pas l’anxiété», rappelle-t-elle, et en parler pour finalement «apprendre à valser avec notre état et mener la danse».