Le Réseau des groupes de femmes de Chaudière-Appalaches (RGFCA) a dévoilé, le 23 septembre dernier, son État de la situation sur la pauvreté des femmes en Chaudière-Appalaches. L’étude a permis de confirmer que cet enjeu touche particulièrement les femmes de la région et qu’un déséquilibre net existe toujours entre les femmes et les hommes à ce niveau.
C’est grâce à une subvention du Secrétariat de la condition féminine du Québec que le RGFCA a pu mener cette étude. Rapidement, la pauvreté des femmes en Chaudière-Appalaches a été retenue par les groupes de femmes de la région comme thème sur lequel devait porter l’état de situation.
Misant sur une étude quantitative de différentes statistiques et sur une étude qualitative réalisée par une consultation électronique auprès des membres du RGFCA, l’État de la situation sur la pauvreté des femmes en Chaudière-Appalaches dresse des constats préoccupants.
Dans la région, les femmes gagnent en moyenne 77 % du salaire des hommes et elles gagnent en moyenne 2,96 $ de moins de l’heure que les hommes. Pour un travail à 35 heures par semaine, c’est donc 5 387 $ de moins par année pour les femmes. Pour leur part, les femmes immigrantes gagnent un salaire inférieur à celui des hommes, mais aussi à celui des femmes nées au Québec, les «pénalisant doublement».
Selon l’étude, les femmes de la région sont plus scolarisées que les hommes. Par contre, pour tout type d’emploi confondu, les femmes gagnent toujours moins que les hommes. Également,70 % des chefs de ménage des familles monoparentales, un type de famille qui est plus à risque de vivre en situation de pauvreté, sont des femmes en Chaudière-Appalaches.
«C’est très préoccupant. Dans la région, les femmes gagnent en moyenne 77 % du salaire des hommes. Si on travaille pour l’égalité, cette donnée devrait plutôt indiquer 100 %. Ce problème a un impact majeur sur plusieurs sphères de la vie des femmes, leur santé, leur sécurité et leur intégrité. Des facteurs qui, à leur tour, aggravent la pauvreté», a partagé Karine Drolet, directrice générale du RGFCA.
Si la situation semble pire dans des secteurs bien précis de la Chaudière-Appalaches, Lévis n’échappe toutefois pas à cette réalité malgré le dynamisme économique qu’elle vit depuis plusieurs années.
«Notre étude portait sur la région, mais c’est sûr qu’il y a des spécificités pour chaque MRC. À Lévis, il y a effectivement des possibilités d’emploi et un faible taux de chômage que d’autres régions n’ont pas, mais la pauvreté est là pareil. Parfois, ces belles données peuvent mettre un voile sur la pauvreté», a imagé Mme Drolet.
Des pistes de solution
Pour renverser la vapeur, le RGFCA propose 10 pistes de solution, «des leviers de transformation sociale», pour atteindre l’équité à ce chapitre.
Produire des portraits statistiques régionaux sur l’égalité femmes/hommes et davantage de statistiques sexuées par l’Institut de la statistique du Québec ainsi qu’améliorer les conditions d’emploi et de revenu des femmes dans la région (salaire minimum à 15 $, régime d’assurance-emploi «équitable» pour les femmes et fin du «détournement» des pensions alimentaires dans les programmes d’assistance sociale, d’aide juridique, d’allocation-logement et d’aide financière aux études) sont les solutions que pourraient mettre en place Ottawa et Québec, selon le RGFCA.
Au niveau régional et local, le regroupement propose que l’analyse différenciée selon les sexes soit utilisée par la Table régionale de lutte contre la pauvreté et le CISSS de Chaudière-Appalaches, que le développement de logements sociaux et communautaires ciblant les besoins des femmes soit soutenu, que les principaux besoins des femmes en matière de transport soient répondus, que les femmes isolées par la pauvreté soient rejointes pour le développement et les offres de service et que l’analyse intersectionnelle soit intégrée aux offres de services.
Également, le RGFCA désire que l’entente spécifique en matière d’égalité soit reconduite, en y incluant un axe d’intervention sur la pauvreté des femmes.
«Ce qui fonctionne bien au niveau régional, c’est de travailler sur les multifacteurs et de réunir à la même table plusieurs partenaires. L’entente égalité de 2007 à 2016 a permis d’atteindre ces objectifs et d’obtenir des résultats gagnants», a conclu la directrice générale du RGFCA.